C’est à l’issue d’une longue maladie que l’abbé Luc Lysy est décédé ce dimanche 29 mars 2020, à l’âge de 64 ans. Il était né le 27 août 1955 à Warneton, ordonné prêtre le 24 juin 1979 à Tournai. Nous l’avons bien connu dans notre paroisse de Jumet où il a été doyen, voici quelques années, avant de nous quitter pour devenir doyen principal de Charleroi. Il nous sera possible de rendre hommage à l’abbé Lysy lors d’une célébration eucharistique à sa mémoire lorsque les conditions le permettront. La date nous sera communiquée en son temps.
Voici un texte hommage écrit par l’abbé Paul Scolas, publié sur le site cathobel
Après plusieurs mois de souffrances, après avoir fait, en pleine conscience, le choix des soins palliatifs où il a trouvé la paix, Luc Lysy, doyen de Charleroi, nous a quittés. Il laisse un vide, il laisse surtout une trace.
Luc était né en 1955 à Warneton (Comines), l’autre bout du Hainaut. Ordonné prêtre en 1979, il a vécu tout son ministère au pays de Charleroi : Fontaine-l’Evêque, Courcelles, Jumet et, depuis une quinzaine d’années, à Charleroi même comme doyen pour toute la région. Il avait de tout son cœur et de tout son être adopté la ville et le pays de Charleroi.
Témoin entre autres, cette longue démarche de rencontre et d’échange en profondeur avec les acteurs et actrices de différents mondes (enseignement, santé, politique, culture, économie …) et de multiples associations. Elle a conduit à une très large assemblée en 2011 à propos de la façon dont se vivait, à Charleroi, l’estime de soi. Question qui se pose, là en particulier, avec acuité.
Luc savait saisir avec finesse et pertinence les grands enjeux à la fois de la vie sociale et de la vie ecclésiale sans jamais les séparer. Et cette attention l’ouvrait à une véritable vision prophétique de la réalité. J’ai rencontré peu de personnes qui proposaient une telle vision à la fois profonde, large et longue.
L’appel du pape François à ‘sortir’ trouvait chez lui plus qu’un écho. A ses yeux, les expériences de rencontre et d’écoute affermissaient « la conviction que les communautés chrétiennes ne vivront que si, dès maintenant nous ‘sortons’ et si nous fondons les renouvellements sur cette ‘sortie’ – et non l’inverse : d’abord fonder entre nous et puis ‘sortir’. Il est vraiment bon que nous nous rendions présents aux chemins d’humanité où tant de nos contemporains cherchent, se dépensent, inventent, attendent un compagnonnage, errent aussi ou se perdent… Il y a, je crois, dans la mystérieuse réalité de l’Eglise et des communautés chrétiennes, quelque chose comme une sève de renouvellement propre à notre foi et qui va bien à notre humanité. »
Une amie commune qui, comme moi, a beaucoup collaboré avec Luc le caractérisait ainsi : humanité, humilité, conviction. Humanité. Il se sentait concerné et ne cessait de chercher à comprendre comme artiste qu’il était, comme grand lecteur dans tous les domaines, comme homme de relations et d’échanges, ce qui fait vivre les humains. Humilité, une vertu qui ne fait qu’un avec une véritable humanité. Il menait une vie simple dont il maîtrisait mal les aspects pratiques. Il n’a jamais cherché les honneurs et les titres, il les fuyait plutôt. Ses convictions qui s’enracinaient dans l’Évangile du Christ, Luc savait les exprimer posément dans ses remarquables homélies par exemple, mais aussi avec audace et sans peur lorsque cela s’imposait.
Dans sa vie personnelle comme dans ce qu’il initiait comme pasteur, il a fait beaucoup de place à l’écoute de la Parole qui se donne en particulier dans les Ecritures. Il en parlait ainsi : « Les chrétiens assurent chez nous depuis des siècles une présence qui, ni groupe de pression ni cellule d’action, s’apparente à la présence d’un corps, faite de parole et de silence, de gestes et de signes, de doigté, de regard et de parfum… avec, bien sûr, des lourdeurs, des maladresses, des odeurs indésirables… ! Qu’est-ce qui a maintenu l’Église dans cette présence au fil du temps et malgré ses côtés fragiles ou malvenus ? Ce n’est ni la défense à tout prix de valeurs inchangées, ni le maintien obstiné de traditions et de pratiques immuables, ni l’affirmation répétée de vérités éternelles… Toutes choses qui ne peuvent qu’accentuer les rides et entraîner l’essoufflement mortel. C’est la Parole ! Parole qui n’est pas qu’un livre – la Bible. Parole qui est Quelqu’un, nous le croyons. Parole de Dieu, nous l’appelons telle. Parole dont la Bible est en quelque sorte le corps d’écritures. Pour l’Église, la Parole n’est pas sa référence, elle est le lieu de sa naissance continuelle. »
Que la rencontre de Celui qui est la Parole soit naissance pour Luc.
Paul Scolas
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