Funérailles de notre cher Abbé Jean Franken : un dernier hommage à un prêtre dévoué à la jeunesse et aux personnes démunies
Le 2 décembre 2024, la communauté de la paroisse Sainte Marie Madeleine de Jumet, réunie dans l’église de Roux a rendu un dernier hommage à l’Abbé Jean Franken, prêtre dévoué et guide spirituel de la paroisse depuis 1990. Une cérémonie pleine d’émotion et de reconnaissance a eu lieu dans l’église Notre Dame de l’Assomption, dans les clochers de Roux Centre-Hubes et de la Bassée où l’Abbé Franken avait consacré une grande partie de sa vie à accompagner et servir les plus démunis et les personnes en difficulté.
Une célébration animée par 8 prêtres et un diacre
La cérémonie funéraire s’est déroulée en présence de plus de 150 personnes venues rendre hommage à l’abbé, et a été marquée par une forte participation des prêtres et du clergé. Le doyen de Charleroi Daniel Procureur présidait la célébration, il était accompagné de sept prêtres et d’un diacre. Tous ont célébré cette messe en l’honneur de leur confrère, dans un moment de prière solennelle et de recueillement.
La célébration a débuté par un chant de l’assemblée, qui a rapidement instauré une atmosphère à la fois solennelle et fraternelle. La communauté, bien qu’empreinte de tristesse, semblait réunie par l’esprit de solidarité et d’amour que l’abbé avait incarné au quotidien.
Un prêtre profondément investi dans l’action pastorale
L’Abbé Franken est né le 19 juin 1933 à Braine-le-Comte, ordonné prêtre le 17 juillet 1960 à Tournai. Il a été professeur au Collège Saint-Augustin à Enghien, vicaire à Soignies (Saint-Vincent), aumônier des mouvements apostoliques pour le doyenné de Soignies, vicaire à Braine-le-Comte (Saint-Géry), curé à Carnières-Trieux (Saint-Joseph), curé à Mont-Sainte-Aldegonde (Sainte-Aldegonde), curé à Roux (Notre-Dame de l’Assomption), prêtre auxiliaire dans l’Unité pastorale de Sainte-Marie-Madeleine (Jumet).
Lorsqu’il a rejoint la paroisse de Roux en 1990, il y est arrivé avec sa chère maman. Il était particulièrement connu pour son engagement auprès des jeunes. Dans chaque paroisse qu’il a servie, il était le cœur du patronage local ; un lieu de rencontre et de formation chrétienne où des générations de jeunes ont pu grandir dans la foi et dans les valeurs de partage et d’entraide. L’abbé Franken n’a cessé d’encourager l’implication des jeunes dans des actions sociales et humanitaires, leur apprenant ainsi à vivre leur foi au service des autres.
Mais son action ne s’est pas limitée qu’aux jeunes. L’abbé était aussi un soutien inébranlable pour les plus pauvres de la paroisse, œuvrant auprès des démunis, des malades et des personnes âgées. Dans son homélie, l’abbé Scolas a rappelé combien il avait été un pasteur proche de ses ouailles, un homme d’écoute et de compassion, particulièrement aux côtés des plus vulnérables.
Il faisait partie des Prêtres d’exception avec qui nous avons eu tous le Bonheur de faire un bout de chemin. L’abbé Jean est parti rejoindre ses amis Prêtres qu’il a connu dans notre Unité Pastorale- les Pères Keller (Jésuites), le vicaire Deraedt, le Père Pedro Bieswal, Michel d’Oultremont, Ernest Michel, Jean Beugnies, Franz Dewamme, Paul Trigalet, Robert Mathelart, Luc Lysy, Pierre Mayence, Jean-Marie Fourneau, Christian Dubois… Tous nous ont fait grandir dans la Foi.
Un témoignage vivant de charité et de foi
Lors de la célébration, des témoignages poignants ont été rendus par plusieurs membres de la famille et de la communauté paroissiale, qui ont partagé des anecdotes touchantes sur la vie de l’abbé. Son soutien indéfectible à la maison de quartier la Rochelle et aux actions communautaires qui y sont menées auprès de personnes fragilisées ont transformé la cure dans laquelle il habitait en véritable « cours des miracles », et ce avec le soutien des chrétiennes et chrétiens laïcs de Roux.
L’Abbé Franken a été décrit comme un modèle de foi vivante et incarnée, dont les actions ont profondément marqué la vie spirituelle et sociale de la paroisse. Beaucoup se souviennent de sa générosité, de sa capacité à apporter une parole de réconfort en toute circonstance, et de son humilité dans le service quotidien.
Une cérémonie marquée par la prière et la reconnaissance
Au cours de la messe, les chants et les prières ont rythmé les moments de recueillement.
À l’issue de la messe, une procession a conduit le cortège funèbre jusqu’au cimetière local, où un dernier acte de foi et d’espérance a été célébré avant que notre prêtre repose auprès de celles et ceux qu’il avait servis avec tant de dévouement. Une bénédiction a clôturé ce dernier adieu.
L’abbé Franken, un héritage vivant
Les funérailles de l’Abbé Franken ont été un moment fort pour la communauté de Roux, celle de la paroisse Sainte Marie Madeleine et celle de l’asbl La Rochelle, qui perdent non seulement un prêtre mais aussi un homme qui a vécu son sacerdoce dans la vérité et la charité. Son souvenir vivra à travers les nombreuses œuvres qu’il a fondées et soutenues, ainsi que par les milliers de vies qu’il a touchées.
Nul doute que la paroisse continuera de porter son héritage spirituel et social, et c’est avec gratitude et respect que l’on se souviendra de l’abbé Jean Franken, prêtre engagé, passionné par les jeunes et toujours présent pour les plus démunis d’entre nous. Il a été un témoin fidèle de l’amour de Dieu dans ce monde, et sa mémoire vivra à travers la communauté qu’il a soutenue depuis si longtemps.
Claudio Marini
Voici le texte d’Evangile lu durant la célébration et l’homélie de l’abbé Paul Scolas, lui aussi membre fondateur de l’asbl La Rochelle :
Evangile de Jésus Christ selon S. Matthieu (25,31-40)
Jésus parlait à ses disciples de sa venue :
« Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire. Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des boucs : il placera les brebis à sa droite, et les boucs à gauche.
Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : “Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !”
Alors les justes lui répondront : “Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu… ? tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ? tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ? tu étais nu, et nous t’avons habillé ? tu étais malade ou en prison… Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ?” Et le Roi leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.”
« Des serviteurs par qui vous êtes devenu croyants »
En apprenant la mort de Jean, cette phrase m’est venue tout de suite à l’esprit. C’est elle qui dit le mieux la mission de celles et de ceux qui ont répondu à l’appel de consacrer leur vie, sans doute tant bien que mal, à l’Evangile, à la Bonne Nouvelle. A Corinthe, les chrétiens s’amusent à préférer un apôtre à un autre. Ce n’est heureusement pas le cas ici, mais ils ont été plusieurs à vous servir pour que votre foi, votre confiance en la vie, naisse et grandisse. Pierre, Christian pour ne citer que ceux qui nous ont quittés. Mais il y en a tant d’autres, des prêtres, des laïcs, des chrétiens et même, à leur manière, des non chrétiens.
Ceux-là ont été pour nous, chacun à leur façon, des serviteurs. Comme Jésus, ils ont pris la tenue de service dans un seul but finalement : que nous devenions croyants, que nous devions des femmes et des hommes habités par la confiance. Je ne pense pas que Jean ait fait du prosélytisme (c’est-à-dire insister pour que d’autres pratiquent la vie chrétienne), mais il a éveillé la foi, l’audace de faire confiance à la vie, de trouver l’estime de soi et des autres pour avancer malgré les nombreux obstacles qui jalonnent la route. Et il l’a éveillée dans des gestes très simples, ces gestes sur lesquels se joue le vrai jugement de nos vies : « J’avais faim et vous m’avez donné à manger, j’étais malade et vous êtes venus à moi… ».
Concrètement, Jean a vécu toute la dernière partie de sa vie en relation avec La Rochelle, c’est-à-dire, précisément, avec les personnes qui fréquentent La Rochelle. Il a ouvert sa maison qui est devenue comme une annexe de La Rochelle et aujourd’hui, c’est le Christ qui lui ouvre sa maison, qui l’invite à entrer dans la maison du Père. Il me semble que le pas entre ces deux maisons n’était pas grand à faire. En vous servant, Jean servait et rencontrait le Christ lui-même. Il ne le faisait pas pour servir le Christ car il vous respectait chacune et chacun, mais le Christ s’y retrouvait et venait habiter chez lui. Sa maison était un temple où Jésus habitait même si elle n’avait pas l’allure luxueuse qu’ont souvent les temples.
En évoquant cela, je ne veux pas déclarer que Jean aurait été parfait. Aucun d’entre nous ne l’est. J’apprécie que certains d’entre vous n’aient pas hésité à évoquer certaines limites de Jean. Mais ce qui demeure bien au-delà de la mort, c’est d’avoir servi ses frères et ses sœurs en leur portant la Bonne Nouvelle comme l’a fait Jésus. Et cette Bonne Nouvelle, c’est ce regard de confiance sur chacun qui nous déclare que nous sommes enfants de Dieu, qu’en nous, malgré tout ce qui peut être abimé et cassé, il y a l’image de Dieu et même la vie de Dieu. L’Evangile touche un homme, une femme (la femme surprise en adultère, Zachée, le bandit crucifié avec Jésus et chacun et chacune de nous) lorsqu’il lui est dit avec conviction : Tu n’es pas simplement le fruit du hasard, tu es enfant de Dieu, tu es voulu et désiré par Dieu. Aux yeux de Dieu, tu as un avenir, tu es vivant.
Comme prêtre, Jean a célébré cela. Quand on baptise un humain, on lui déclare qu’il fait partie de la famille de Dieu, qu’avec le Christ, quoi qu’il arrive, il pourra remonter vivant du péché et de la mort. Jean l’a vécu en paroles fortes, en parlant très bien paraît-il des béatitudes qui se résument toutes dans Heureux, vous les pauvres. Et c’est aussi comme prêtre, d’abord comme curé de Roux et puis comme pensionné actif toujours à Roux, qu’il a ouvert sa maison et sa vie à ce qui se vivait juste en face à La Rochelle.
Et c’est là qu’il est passé de la vie à la mort, mais surtout de la mort à la vie ressuscitée avec le Christ. Il n’y avait qu’un pas pour passer de sa maison toujours ouverte à la maison du Père qui est encore bien plu largement ouverte.
« Viens, béni de mon Père, reçois en héritage le Royaume préparé pour toi depuis la fondation du monde. »
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